Séries entières. Rayon de convergence. Propriétés de la somme.

F.Gaudon

9 août 2005

Table des matières

1 Définition, convergence
2 Propriétés de la somme
3 Développement en série entière

On désigne par K le corps des réels ou celui des complexes.

1 Définition, convergence

Définition :


On appelle série entière toute série  sum n>0fn de fonctions définies de C dans C par fn(z) = anzn(an)n est une suite de K.


Définition :


Soit (an)n une suite de K. L’ensemble des réels r positifs ou nuls pour lesquels la suite (anrn)n est bornée est non vide car il contient 0.

Sa borne supérieure R, éventuellement infinie, est appelée rayon de convergence de la série entière  sum n>0anzn.


Exemple :

Proposition :


Soit  sum n>0anzn une série entière, et soit R son rayon de convergence.

  • Si |z0| < R, alors la série entière  sum n>0anz0n est absolument convergente donc convergente.
  • Si |z0| > R, alors la suite (anz0n)n n’est pas bornée donc ne converge pas vers 0 et  sum n>0anz0n diverge.
  • Si 0 < R' < R, notons D(0;R') le disque fermé dans C de centre O et de rayon R'. Alors  sum n>0anzn converge uniformément dans       '
D(O; R ).

Preuve :

Définition :


En supposant R/=0, {z  (- C / |z| < R} est appelé disque ouvert de convergence de sum n>0anzn.


Remarque :

Il se peut qu’une série entière  sum n>0anzn ne soit pas normalement convergente sur son disque ouvert de convergence. C’est le cas par exemple pour la série entière  sum n>0zn.

Proposition :


Le rayon de convergence R est donné par :

1-= lim sup n V~  |an|
R

Règle de D’Alembert :


Soit  sum n>0anzn une série entière et soit R son rayon de convergence. On suppose que les coefficients an sont non nuls à partir d’un certain rang. Si limn--> oo |ana+1-
 n| = c  (- R+  U {+ oo }, alors R = 1
c (avec R = + oo si c = 0 et R = 0 si c = + oo ).


2 Propriétés de la somme

Proposition :


La somme S : z'-->S(z) =  sum n>0anzn est continue sur le disque ouvert de convergence.


Preuve :

Soit z0  (- D(O;R) et R' > 0 tel que |z0| < R' < R. Alors  sum nanzn converge normalement sur D(O;R') donc, z'--> sum k=0nakzk étant continue pour tout entier n sur D(O;R'), sa somme l’est aussi d’où S est continue sur D(O;R') et donc en particulier en z0.

Proposition :


Soient  sum n>0anzn et  sum n>0bnzn deux séries entières de rayons R > 0 et R' > 0. On suppose que les sommes de ces deux séries coïncident sur un voisinage de 0. Alors ces deux séries sont identiques :  A n  (- N an = bn.


Preuve :

Sinon  E NN / aN/=bN. Soit alors N le plus petit tel. Il existe r > 0 tel que r < R, r < R' et les deux sommes coîncident sur D(O;R). On a alors :

 sum             sum           N sum -1
   anzn = zN    anzn- N +    anzn
n>0          n>N          n=0
et
 sum     n    N  sum     n- N  N sum -1  n
    bnz  = z      bnz    +     bnz
n>0          n>N         n=0
Comme les deux séries sont égales et  A n < N - 1 an = bn alors pour tout z  (- D(O;r), on a  sum n>Nanzn-N =  sum n>Nbnzn-N. En particulier, pour z = 0 on obtient aN = bN d’où une contradiction.

Conséquences :


La somme S(z) de la série entière  sum n>0anzn est une fonction paire (resp. impaire) ssi les an de rang impair (resp. pair) sont nuls.


Preuve :

Si  sum nanzn est paire,  sum nanzn =  sum nan(-z)n pour tout n donc  A n  (- N an = (-1)nan et en particulier  A k  (- N a2k+1 = (-1)a2k+1 ce qui implique a2k+1 = 0.

Proposition :


Soit  sum n>0antn une série entière réelle, de rayon de convergence R > 0 et de somme S(t).

  • S est indéfiniment dérivable sur ] - R;R[ et :
     A t  (- ]- R; R[, S(k)(t) =  sum  n(n - 1)...(n - k+ 1)antn- k
                    n>k
  • Si [a;b] <] - R;R[ alors :
     integral                integral 
  b         sum      b n+1
 a S(t)dt =    an a t   dt
           n>0

Lemme :

Pour toute série entière A(z) =  sum n>0anzn de rayon de convergence R, les séries entières suivantes ont aussi pour rayon de convergence R :

 '      sum      n-1
A (z) =   nanz
       n>0
        (k)      sum                        n-k
 A k  (-  N A (z) =    n(n- 1)...(n- k + 1)anz
               n>k
et
        sum     zn
B(z) =    an-----
       n>0  n + 1

Preuve du lemme :

Preuve du théorème :

Conséquence :


Soit  sum n>0antn une série entière réelle de rayon de convergence R > 0 et de somme S(t). Pour tout entier n, le coefficient an est égal à 1
n!Sn(0).


Preuve :

clair

3 Développement en série entière

Définition :


Soit f une application définie sur un ouvert _O_ de R et à valeurs dans R. On dit que f est développable en série entière en un point t0 de _O_ s’il existe une série entière  sum n>0antn et un réel r > 0 tels que :

                        oo  sum 
 A t  (- ]t0- r;t0 +r[, f(z) = an(t -t0)n
                      n>0

Définition :


Soit _O_ un ouvert de R contenant 0 et f infiniment dérivable sur _O_. La série entière sum n>0+ oo 1-
!nf(n)(0)tn est appelée série de Taylor de f en 0.


Proposition :


Si f est développable en série entière au voisinage de 0, alors f est de classe C oo à l’origine et la série entière égale à f au voisinage de 0 est nécessairement la série de Taylor de f. Autrement dit,

                         oo  sum   (n)
 E r > 0,  A t  (- ]- r;r[, f(t) = f-(0)tn
                        n>0   n!

Preuve :

Découle directement de la conséquence  2.

Remarque :

Même si f est de classe C oo au voisinage de 0, et même si la série de Taylor de f a un rayon de convergence strictement positif, on ne peut affirmer que f est développable en série entière en 0. Considérer f : x'-->exp(-1
x2).

Proposition :


Soit _O_ un ouvert de R contenant 0 et f une application de _O_ dans R. On suppose que f est de classe C oo au voisinage de 0 et que :

 E r > 0,  A p  (-  N  A x  (- ]- r;r[|f(p)(x)|< M
Alors f est développable en série entière en 0 avec un rayon de convergence au moins égal à r.

Preuve :

D’après la formule de Taylor-Young à l’ordre n puisque f est de classe Cn et n + 1 fois dérivable sur ] - r;r[ 0 < r < r on a :

                            sum n f(k)(0)    |f(n+1)(c)|
 A t  (- ]- r;r[  E c  (- ]- r;r[|f(t)- ------tk|< ---------(2r)n+1
                           k=0   k!        (n + 1)!
donc
                 sum n f(k)(0) k      M      n+1
 A t  (- ]- r;r[|f(t)-   --k!-t |< (n-+-1)!(2r)
                k=0
ce qui montre que lorsque n tend vers + oo la série de Taylor de f converge vers f pour tout t dans ] - r;r[ et par suite dans ] - r;r[.